Moins d’un quart des fonds actifs en Europe ont réussi à battre leur indice de référence au cours des dix dernières années, si l’on en croit SPIVA. Malgré ce constat, la gestion active reste le credo de certains investisseurs institutionnels, surtout quand les marchés tanguent ou traversent des tempêtes.
Les débats sont vifs autour des frais, de l’accès à l’information ou encore de la faculté à anticiper les mouvements boursiers. Derrière ces choix, on trouve des stratégies sophistiquées, des arbitrages constants et parfois des convictions qui vont à rebours des tendances dominantes.
Plan de l'article
Gestion active et gestion passive : quelles différences fondamentales ?
Deux écoles s’affrontent : la gestion active et la gestion passive. Côté actif, le gestionnaire vise la surperformance par rapport à l’indice de référence en opérant des choix précis : sélection minutieuse de titres, arbitrages sectoriels, ajustements tactiques inspirés par ses analyses. Cette méthode repose sur la conviction, l’analyse fondamentale et la volonté de créer de l’alpha, autrement dit, une performance supérieure à celle du marché. Le market timing et la gestion dynamique des risques sont au cœur de la démarche, quitte à accepter une tracking error plus marquée.
À l’inverse, la gestion passive s’en tient à une logique simple : répliquer la performance d’un indice boursier (comme le CAC 40, le S&P 500 ou le MSCI World) via des ETF ou des fonds indiciels. Ici, pas de pari sur l’avenir des marchés. La diversification est automatique, les frais de gestion réduits au minimum, et la tracking difference, l’écart entre portefeuille et indice, devient un critère clé.
Pour bien saisir les spécificités de chaque approche, voici quelques repères :
- La gestion active vise à dépasser l’indice de référence, ce qui suppose une prise de risque plus importante et des coûts supérieurs.
- La gestion passive cherche une réplication précise des indices, misant sur la constance et la facilité d’accès.
Le cœur du débat : faut-il privilégier la quête de performance, quitte à payer plus cher, ou accepter le rendement moyen des indices de référence pour gagner en sérénité ? Les sociétés de gestion brandissent leurs statistiques : moins de 25 % des fonds actifs battent leur indice sur dix ans, selon SPIVA, mais sur certains segments comme les small caps ou les marchés émergents, des marges de manœuvre subsistent pour les plus habiles.
Pourquoi la gestion active séduit de nombreux investisseurs aujourd’hui
Malgré l’essor des ETF et des fonds indiciels, la gestion active conserve une place de choix auprès de nombreux investisseurs. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. D’abord, la flexibilité : les gestionnaires actifs réajustent leur stratégie en temps réel, prenant en compte les soubresauts géopolitiques, économiques ou sectoriels. Là où la gestion passive se contente de suivre un indice, l’actif mise sur la capacité d’anticipation.
La chasse à la surperformance attire aussi. Sur les marchés émergents, les small caps ou certains compartiments obligataires, l’agilité et la connaissance fine des entreprises ouvrent la porte à des opportunités inaccessibles aux stratégies indexées. Les gestionnaires actifs s’appuient sur une analyse fondamentale poussée, couplée à des stratégies de couverture pour limiter les risques tout en cherchant à générer de l’alpha.
Parmi les avantages concrets associés à la gestion active, citons :
- La capacité à identifier des opportunités dans des secteurs en pleine évolution.
- L’ajustement de l’exposition du portefeuille à la volatilité ou aux fluctuations des taux d’intérêt.
- La possibilité d’investir dans des fonds thématiques ou des solutions ESG innovantes.
Autre atout majeur : la personnalisation de la stratégie d’investissement. Les institutionnels comme les particuliers peuvent opter pour des mandats sur-mesure, intégrer des critères ESG ou privilégier certains segments d’actifs. Les fonds d’actions émergentes ou les fonds obligataires flexibles illustrent cette diversité. Loin d’être une méthode figée, la gestion active sait s’adapter aux attentes spécifiques de chacun.
Les leviers essentiels pour atteindre ses objectifs en gestion active
Pour viser un objectif de gestion active, il faut s’appuyer sur une méthode rigoureuse, centrée sur une analyse fondamentale approfondie. Les gestionnaires passent les comptes des entreprises au crible, évaluent la solidité financière, et analysent la rentabilité des actifs. Ce travail minutieux se double d’une veille permanente sur les tendances sectorielles et macroéconomiques, afin de repérer les anomalies de valorisation et de déceler les angles morts du marché.
La gestion du risque est un autre pilier. Ici, il ne s’agit pas seulement de choisir les bons actifs, mais de maintenir une discipline dans l’allocation, la diversification et la gestion des expositions. Les professionnels se servent d’indicateurs comme le ratio de Sharpe ou la tracking error pour évaluer la pertinence de leurs choix et ajuster leur stratégie. Ces outils permettent de mesurer la performance ajustée du risque et de comparer les écarts avec l’indice de référence.
Quelques points de vigilance s’imposent pour réussir en gestion active :
- La création d’alpha repose sur le savoir-faire, pas sur la chance : les études SPIVA et Morningstar rappellent combien il est difficile de maintenir une surperformance dans la durée.
- Les frais de gestion pèsent directement sur la performance : il est donc judicieux de les surveiller de près, surtout face à des indices de plus en plus efficients.
- Le biais du survivant peut fausser la lecture des performances passées : il faut prendre en compte l’ensemble des fonds, et non seulement ceux qui existent encore.
La gestion active demande aussi une évaluation régulière des résultats. Distinguer le talent de l’aléatoire exige un suivi sur la durée. Les investisseurs avisés s’appuient sur des outils objectifs pour comparer leur performance à celle de l’indice de référence, et questionnent la cohérence de leurs choix au fil du temps.
Quelle stratégie privilégier selon son profil et ses ambitions d’investissement ?
Le choix entre gestion active et gestion passive ne se fait pas à la volée. Chaque investisseur compose avec son expérience, son horizon de placement et sa tolérance au risque. Les débutants ou ceux qui veulent la simplicité s’orientent en général vers les ETF et fonds indiciels : suivi d’un indice de référence, frais réduits, gestion sans intervention quotidienne. La gestion passive répond à ceux qui privilégient la stabilité, la diversification et l’efficacité sur le plan des coûts.
Pour ceux qui s’y connaissent davantage et qui suivent leurs investissements de près, la gestion active offre d’autres perspectives. Ces profils recherchent l’alpha, la surperformance par rapport à l’indice, grâce à l’analyse fondamentale et à une sélection rigoureuse. Les périodes de forte volatilité, les marchés atypiques ou certains secteurs de niche (small caps, marchés émergents, fonds thématiques) sont propices à cette approche exigeante.
Le modèle core-satellite gagne du terrain. Il consiste à bâtir une base solide via la gestion passive, tout en réservant une poche à des fonds actifs. Ce mix permet de combiner maîtrise des coûts, diversification et recherche de valeur ajoutée. Certains misent aussi sur les fonds smart beta ou intègrent des critères ESG (SFDR, iShares, Amundi, BlackRock, HSBC) pour concilier rendement, gestion du risque et engagement responsable.
Adapter sa stratégie d’investissement reste un exercice subtil : chaque allocation reflète des objectifs personnels, un rapport singulier au risque et au temps. Face à ces attentes multiples, les sociétés de gestion innovent sans relâche, sur fond de cadre réglementaire plus strict et d’épargnants toujours plus exigeants.
À chacun de trouver la combinaison qui lui permettra d’avancer, lucide, dans un univers financier aussi mouvant qu’imprévisible. Pas de recette miracle, juste des choix à affiner, encore et toujours.


